Tous les articles par nreveyron

Prochain colloque : 4 et 5 oct. 2025

De la crypte à la flèche : les étages de la liturgie dans les églises

Crypte, sanctuaire surélevé, plateforme du jubé, tribune monastique en hauteur, galilée clunisienne, clocher-porche, Westwerk, chapelles hautes, flèches … L’architecture d’une église médiévale, qu’elle soit carolingienne, romane ou gothique, se décline en hauteur. Mais si la multiplication des espaces liturgiques, du sous-sol au faîte d’une tour, semble disperser des lieux particuliers en apparence autonomes, au risque d’une fragmentation de la communauté, l’unité de chaque église reste un intangible, à l’image de l’unité de l’Eglise. Ainsi, une fois la construction de l’édifice achevée, la consécration d’une église est célébrée au même moment dans le sanctuaire et dans la crypte par plusieurs évêques. Et, sur le plan liturgique, on sait que dans les avant-nefs clunisiennes, les moines montés dans la chapelle haute chantaient à l’unisson des moines installés dans le choeur : c’est, dans la galilée de la priorale romane de Paray III par exemple, la fonction dévolue à la grande baie qui fait commmuniquer la chapelle Saint-Michel avec la nef.

Abbatiale Sainte-Marie de Cruas, XIe-XIIe s., Ardèche : tribune des moines (crédit : ardècheactu.com)

Quels usages et quelles symboliques sont attachés à chaque lieu ? Les cryptes sont des lieux de mémoire, de pélerinage, d’intimité. de nombreux sanctuaires en Italie leur doivent leur position surélevée : les cryptes de plain-pied emportent l’autel majeur plusieurs mètres au-dessus de la nef et des fidèles. Sur la plateforme du jubé, où se dresse l’autel de la Croix, se tiennent des clercs chantant pour les fidèles à l’unisson des chanoines. Les choeurs surélevés des moniales permettent à ces femmes qui observent des voeux rigoureux de participer aux messes au mileiu des fidèles en se faisant entendre, mais sans jamais se laisser voir. Quant aux chapelles hautes, comme dans l’abbatiale de Saint-Denis, elles peuvent recevoir la visite des anges auréolés de lumière. Mais dans ses dimensions verticales, l’architecture de l’église affirme l’espoir du salut. Aux tombeaux qui occupent le sous-sol des nefs, les profondeurs de chapelles funéraires ou les espaces réservés des cryptes royales, répond la flèche qui monte d’un jet vers le ciel. La flèche, la flèche unique au monde, est une extraordinaire innovation du Moyen Age. Elle porte à la pointe de sa charpente le coq de métal qui guette jour et nuit l’irruption du mal et réveille la communauté à son approche. Mais elle est destinée aussi à accueillir les archanges envoyés du ciel.

Prochain colloque : octobre 2024

Destructions, reconstructions et restaurations des églises en Bourgogne et ailleurs

Incendies, vétusté, révoltes, conflits armés, accidents climatiques, dictats de la mode … Les causes de destructions d’églises sont aussi nombreuses que les raisons de les rétablir. Par transformation, restauration ou reconstruction. Depuis l’Antiquité, chaque époque a répondu à sa manière aux défis des périls encourus et des exigences culturelles. Mais quel parti choisir ?
Elaborer un néo-roman ou un néo-gothique ? Innover, comme à la Renaissance ? Refaire à l’identique, comme à Notre-Dame ? Adapter l’édifice aux conditions actuelles, en remplaçant une source ancienne de pollution – une vieille toiture en plomb par exemple – par un matériau contemporain ? En Bourgogne, terre de l’art roman, les églises sont nombreuses à raconter les heures sombres de leur histoire et les temps de résurrection, mais aussi les choix des architectes, les savoir-faire des hommes de l’art et les rêves des fidèles.

Nicolas REVEYRON

De quoi châteaux et palais sont-ils le nom ?, par Nicolas Reveyron

Au fond de la cour, dont le terrain s’élevait insensiblement, le château se montrait entre deux groupes d’arbres. Sa triste et sévère façade présentait une courtine portant une galerie à mâchicoulis, denticulée et couverte. Cette courtine liait ensemble deux tours inégales en âge, en matériaux, en hauteur et en grosseur, lesquelles tours se terminaient par des créneaux surmontés d’un toit pointu, comme un bonnet posé sur une couronne gothique.

Quelques fenêtres grillées apparaissaient çà et là sur la nudité des murs. Un large perron, roide et droit, de vingt-deux marches, sans rampes, sans garde-fou, remplaçait sur les fossés comblés l’ancien pont-levis ; il atteignait la porte du château, percée au milieu de la courtine. Au-dessus de cette porte on voyait les armes des seigneurs de Combourg, et les taillades à travers lesquelles sortaient jadis les bras et les chaînes du pont-levis. […]

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Prochain colloque : 30/09 et 01/10/2023 : L’enseignement de l’Antiquité à nos jours

Professeurs, élèves, étudiants, salles de cours, récréations, devoirs, examens, bons points, mauvais points, bibliothèque …

L’enseignement appartient à la fois à notre culture occidentale – la figure de Charlemagne ! – et à notre imaginaire le plus intime. L’exposition sur saint Thomas d’Aquin présentée en 2023 au Musée du Hiéron nous rappelle à point nommé que les formes d’enseignement ont évolué – nous sommes passés de la tablette de cire à la tablette numérique – mais que depuis l’Antiquité, les fondamentaux ont traversé les siècles : l’écoute attentive, l’apprentissage “par coeur” (le coeur était considéré comme le siège de la mémoire), la maîtrise des fondamentaux, l’invention pédagogique (Quintillien, Martianus Capella, Raymond Lulle, Le pseudo-Boèce, Gerson, les Messieurs de Port-Royal, Jean-Baptiste de La Salle, Charles Porée …), etc.

Depuis l’Antiquité, l’iconographie nous fait entrer dans l’intimité des lieux d’enseignement et des heures de cours. Métaphore révélatrice de l’importance de l’enseignement, le Christ-philosophe fait, depuis les sarcophages paléochrétiens et les peintures des catacombes, la leçon aux apôtres et aux disciples. Le colloque Paray 2023 balaiera un thème très large, mais qui nous concerne toujours puissamment.

Nicolas REVEYRON

Programme du samedi 1er octobre (Paray, Centre culturel et de congrès)

Jocelyn Grosbost, Diplômé master en archéologie et histoire de l’art, « Du stylet à la gradine : représenter l’école dans la statuaire gallo-romaine »

Nicolas Reveyron, Professeur émérite, Université Lumière Lyon 2,
« Quelle place pour la littérature païenne dans la vie intellectuelle du Moyen Âge chrétien ? »

Catherine Vincent, Professeur émérite, Université Paris Nanterre,
« Enseigner au Moyen Âge : des écoles monastiques à l’Université »

Maxime Arcelin, Doctorant en Histoire médiévale, Sorbonne-Université, « Saint Thomas d’Aquin, lumière du monde »

Frédéric Meyer, Professeur d’Histoire moderne, Université Savoie-Mont-Blanc Chambéry, « Petites écoles et culture de l’écrit en montagne aux XVIIe et XVIIIe siècles »

Daniel Moulinet, Professeur en Histoire religieuse, Université catholique de Lyon, « La liberté d’enseignement au XIXe siècle »

Programme du Dimanche 1er octobre

Rendez-vous à 9 h 30 au Musée du Hiéron – 13 rue de la Paix – 71600 Paray-le-Monial :

Visites commentées alternées de l’exposition temporaire « Saint Thomas d’Aquin, une sagesse offerte à tous » et des collections permanentes du musée en lien avec le thème de l’enseignement.

Découvrez le programme et téléchargez le bulletin d’inscription sur Calenda.